Le 22 septembre, à mon invitation, Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du groupe de travail n° 1 du GIEC, a présenté devant les députés de la Commission du développement durable de l’Assemblée nationale les conclusions du 6e rapport du GIEC : « Changement climatique 2021 : les éléments scientifiques », rendu public en août dernier.

Le premier volume du 6e rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié le 9 août 2021 porte sur les éléments scientifiques du changement climatique. L’une des principales conclusions : la hausse de la température globale et de la concentration atmosphérique en CO2 s’est encore accentuée, à un rythme qui fera très probablement dépasser le seuil de 1,5 °C de réchauffement depuis l’ère préindustrielle au début des années 2030 (meilleure estimation).

Le changement climatique est donc généralisé, rapide et d’intensité croissante. Il pourrait être néanmoins limité par des réductions fortes et soutenues des émissions de gaz à effet de serre. L’ensemble des mesures prises depuis le début de la législature vont dans ce sens, notamment avec la loi EGalim, LOM, Antigaspillage, Climat et Résilience…

Les principaux enseignements du rapport du GIEC

  • La Terre montre dans toute sa géographie et dans toutes les composantes de ses écosystèmes les signes du dérèglement climatique,
  • L’augmentation des températures ne se manifeste pas seulement sur les moyennes mais également par la multiplication et l’intensification des vagues de chaleur dont les effets peuvent être dévastateurs pour les écosystèmes, l’agriculture ou la santé humaine,
  • Le changement climatique intensifie le cycle de l’eau. Cela apporte des pluies plus intenses, avec les inondations qui les accompagnent, et des sécheresses plus intenses dans de nombreuses régions,
  • Le changement climatique modifie la répartition des pluies. Il est probable que les précipitations augmenteront aux hautes latitudes, alors qu’une baisse est projetée dans une grande partie des régions subtropicales. Des changements sont attendus dans les pluies de mousson, qui varieront d’une région à l’autre,
  • Les zones côtières seront confrontées à l’élévation du niveau de la mer tout au long du XXIe siècle, qui contribuera à accroître la fréquence et la gravité des inondations dans les zones de faible altitude et à accentuer l’érosion du littoral. Les épisodes extrêmes qui survenaient une fois tous les 100 ans dans le passé pourraient se produire tous les ans d’ici à la fin du siècle,
  • La poursuite du réchauffement amplifiera le dégel du pergélisol et la perte de manteau neigeux saisonnier, la fonte des glaciers et des calottes glaciaires et la diminution des glaces de mer arctiques en été,
  • Les changements dans l’océan, dont le réchauffement, la fréquence accrue des vagues de chaleur marines, l’acidification et la baisse de la teneur en oxygène, ont été clairement reliés aux activités humaines. Ils affectent les écosystèmes marins, aussi bien que les populations qui dépendent de ceux-ci, et ils se poursuivront au moins jusqu’à la fin de ce siècle,
  • Il est possible que certains aspects du changement climatique soient accentués dans les villes, notamment la chaleur (les milieux urbains étant souvent plus chauds que les zones environnantes) et, dans les villes côtières, les inondations dues à de fortes précipitations et à l’élévation du niveau de la mer,
  • La montée du niveau marin est inéluctable. Mais son évolution à court terme dépend peu de nos émissions actuelles. En revanche, à l’horizon 2100, ces émissions peuvent en changer considérablement l’amplitude. A plus long terme (3 siècles) un scénario à 4°C en 2100 peut aboutir à une hausse de plusieurs mètres,
  • L’acidification des océans. La diminution du pH moyen de l’océan, en raison de dissolution du CO2 dans l’eau, est en cours et va s’accentuer. Elle menace de nombreuses espèces du plancton marin, la base de la chaîne alimentaire océanique, qui ne parviennent plus à former leur squelette calcaire,
  • Le rapport montre que les actions humaines peuvent encore déterminer l’évolution du climat à venir. Il est clairement établi que le dioxyde de carbone (CO2) est le principal moteur du changement climatique, même si d’autres gaz à effet de serre et divers polluants atmosphériques affectent eux aussi le climat,
  • Le rapport prévoit 3 futurs possibles :1) Le réchauffement est limité à 1,5°C: ce scénario supposerait une diminution drastique des émissions mondiales dès aujourd’hui à un rythme très élevé. Sa probabilité économique, sociale et politique est incertaine,2) Le réchauffement monte à 2°C: ce scénario suppose l’engagement de politiques très sévères de restriction de l’usage des énergies fossiles et de nombreux autres éléments d’une politique climatique efficace. Sa probabilité est faible, mais ce scénario ne peut être écarté, si ces politiques étaient engagées dans les 10 ans qui viennent au plan mondial,

    3) Le réchauffement grimpe jusqu’à 4°C: ce scénario correspond à la trajectoire historique des émissions des gaz à effet de serre depuis 1992, l’année de Convention Climat de l’ONU.

A consulter : Le GIEC a mis en ligne un Atlas Interactif qui offre une évaluation régionale approfondie du changement climatique.