L’agence de la transition écologique (ADEME) a présenté le 2 février 2022, devant la Commission du développement durable à l’Assemblée nationale, un travail prospectif « Transition(s) 2050. Choisir maintenant. Agir pour le climat » qui détaille quatre scénarios pour atteindre la neutralité carbone du pays en 2050, conformément aux objectifs européens, .

Les quatre scénarios, proposés par l’Ademe, recommandent donc d’agir vite pour développer l’économie circulaire et les énergies renouvelables, pour accélérer la décarbonation de notre industrie et diminuer la pression sur nos ressources naturelles. Pour atteindre ces objectifs, il nous faut repenser en profondeur notre modèle énergétique pour l’orienter vers une plus grande sobriété, une efficacité accrue, et un mix soutenable sur le plan du climat.

Les quatre scénarios

Scénario 1 « Génération frugale » : ce premier scénario mise avant tout sur la contrainte et la sobriété. En plus des réductions de consommation d’énergie et de matières premières volontaires, des mesures de coercition sont débattues et adoptées : limites de vitesse, limitation de l’accès au transport aérien, transformation des bâtiments vacants et des résidences secondaires en résidences principales :

  • « Démétropolisation » en faveur des villes moyennes et des zones rurales,
  • La rénovation énergétique des bâtiments est fortement stimulée permettant d’atteindre 80 % de logements « basse consommation » (BBC),
  • Le chauffage au gaz de réseau tend à disparaître alors que se développe le chauffage au bois,
  • Les quantités de viande consommées sont divisées par 3 et la part du bio est de 70%,
  • Les kilomètres parcourus baissent de 26% d’ici 2050. Cela favorise en particulier les modes actifs (marche et vélo), tandis que la voiture et l’avion sont en fort retrait (moitié moins de trajets en voiture par rapport à 2015). Les voitures s’électrifient progressivement pour couvrir à terme 90% des usages,
  • Baisse de 70 % de la consommation d‘engrais de synthèse par habitant,
  • « Le système productif se décarbone principalement via la biomasse, pour atteindre -53 % de consommations énergétiques et -79 % d’émissions de GES en 2050 », précise l’Ademe.

Scénario 2 « Coopérations territoriales » : dans ce deuxième scénario l’Ademe propose d’instaurer une gouvernance partagée (ONG, institutions publiques et privées, société civile) et de coopération territoriale pour atteindre la neutralité carbone. Cette coopération permet ainsi à la société de muter à un rythme progressif mais soutenu :

  • Le partage des bâtiments, de pièces de vie ou d’équipements se généralise. En moyenne, environ 150 000 logements par an sont construits après l’optimisation de l’utilisation des locaux vides,
  • 80 % des logements sont rénovés à un niveau au moins BBC,
  • Réseaux de chaleur, chauffage au bois et pompes à chaleur électriques se développent, ainsi que les matériaux biosourcés,
  • La mobilité est maitrisée avec – 17% de km parcourus par personne et avec près de la moitié des trajets qui se font désormais à pied ou à vélo,
  • La consommation de viande est divisée par 2 et la part du bio est de 50 %,
  • Les circuits courts deviennent la principale voie de commercialisation de l’alimentation,
  • « Au bilan, une réduction des consommations énergétiques de 47 % et des émissions de gaz à effet de serre de 84 % est atteinte en 2050 dans l’industrie », précise l’Ademe. 

Scénario 3 « Technologies vertes » : dans ce troisième scénario, « c’est plus le développement technologique qui permet de répondre aux défis environnementaux que les changements de comportement vers plus de sobriété » :

  • L’alimentation est un peu moins carnée et plus équilibrée : – 30 % de consommation de viande, + 30 % de consommation de produits biologiques, hausse de la consommation de produits locaux,
  • Les métropoles concentrent l’intérêt et les activités des citoyens,
  • Maitrise de la mobilité permise par l’Etat avec notamment le développement du télétravail massif,
  • La mobilité individuelle reste la norme mais avec des véhicules plus légers et électrifiés avec + 13% de km parcourus par personnes et 30% des trajets qui se font à pied ou à vélo,
  • L’industrie produit un peu moins en volume mais est très décarbonée. Elle comble une partie toujours plus grande de ses besoins en matières premières grâce au recyclage des déchets,
  • « Au bilan, une réduction des consommations énergétiques de 30 % et des émissions de GES de 86 % est atteinte en 2050 pour l’industrie ».

Scénario 4 « Pari réparateur » : dans ce dernier scénario, les modes de vie du début du XXIe siècle sont sauvegardés. La société place sa confiance dans la capacité à gérer, voire réparer, les systèmes sociaux et écologiques avec plus de ressources matérielles et financières pour conserver un monde vivable :

  • L’incertitude des événements climatiques contribue à la création d’un gigantesque marché assuranciel de la protection individuelle contre les conséquences du changement climatique,
  • La principale évolution des régimes alimentaires repose sur l’inclusion, encore faible, de protéines alternatives comme les viandes de synthèse ou les insectes,
  • L’agriculture utilise toutes les technologies pour optimiser sa production et limiter ses impacts mais consomme environ 65 % d’eau d’irrigation de plus qu’aujourd’hui,
  • Pour répondre à un constant besoin de confort des habitants, les grandes villes et l’artificialisation des sols se développent,
  • La mobilité, elle s’accroît de 39 % sous l’effet de l’augmentation des voyages longue distance aériens. La voiture individuelle électrique reste le moyen de transport privilégié malgré l’essor des véhicules autonomes collectifs,
  • Au bilan, les consommations énergétiques de l’industrie ne se réduisent que de 19% en 2050, induisant un recul de 54% des émissions de GES.

🔗 Voir l’audition d’Arnaud Leroy, président du Conseil d’administration de l’ADEME : https://videos.assemblee-nationale.fr/video.11822601_61fa854324ff2.commission-du-developpement-durable–transitions-2050—choisir-maintenant-agir-pour-le-climat–2-fevrier-2022