Le 10 mai, j’étais aux côté du Président de la République lors de la cérémonie officielle de commémoration de l’abolition de l’esclavage.

Deux dates ont marqué l’histoire de l’abolition, par la France, de l’esclavage et de la traite

  • La première abolition de l’esclavage par la France le 4 février 1794. Pour la première fois dans l’histoire, fut proclamée par la Convention nationale, l’abolition de l’esclavage, près de quatre ans après l’adoption par l’Assemblée de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Mais l’abolition, appliquée dans toutes les colonies françaises, sauf à l’île Bourbon et aux Mascareignes, fut révoquée en 1802,
  • L’abolition définitive de l’esclavage, suivie de l’émancipation des esclaves, le 27 avril 1848  par décret du Gouvernement provisoire de la République sous l’impulsion de Victor Schœlcher.

La reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité

Il y a vingt ans, la « loi Taubira » reconnaissait la traite et l’esclavage comme des crimes contre l’humanité.

Dans son article 1er, cette loi affirme que « la République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité ».

La « loi Taubira »  s’inscrit dans le cadre du 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, célébré tout au long de l’année 1998, et met l’accent sur le « devoir de mémoire » défendu notamment par de nombreux députés ultra-marins.

A la tribune, Christiane Taubira décrit l’horreur de la traite, de l’esclavage, du commerce triangulaire et de l’économie de plantation. La proposition de loi est votée à l’unanimité des députés présents.

« Nous sommes là pour dire que la traite et l’esclavage furent et sont un crime contre l’humanité […] Cette inscription dans la loi, cette parole forte, sans ambiguïté, cette parole officielle et durable  constitue une réparation symbolique, la première et sans doute la plus puissante de toutes. », discours de Christiane Taubira – alors députée de la Guyane- prononcé à l’Assemblée nationale le 18 février 1999.  

« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre », Winston Churchill

La France a été le premier pays au monde à reconnaître la traite négrière en tant que crime contre l’humanité. La France a su regarder son passé en face et qualifier de crime ce qui a été une véritable entreprise de déshumanisation.

Le temps renforce notre devoir de mémoire collectif à l’égard des 11 millions d’esclaves déportés lors de la traite négrière occidentale, 17 millions lors de la traite orientale et 14 millions d’individus réduits en esclavage au sein même de l’Afrique. Nos territoires, des outre-mer aux ports tournés vers l’Atlantique et la Méditerranée sont marqués de cette histoire faite du « code noir », d’expéditions de traites, de spéculation sur la vie humaine, de retours en arrière et de legs racistes.