Le Secrétariat général à la planification écologique a publie  jeudi 13 juillet 2023 le document qui détaille secteur par secteur les réductions d’émissions de gaz à effet de serre à atteindre d’ici à 2030.

Transports

Dans le détail, la baisse envisagée dans le secteur actuellement le plus émetteur, celui des transports, est de 35 Mt CO2e. Les mesures évoquées pour y parvenir :

  • renforcer les primes à la conversion pour favoriser les petits véhicules électriques
  • et viser un objectif de 15 % de véhicules 100 % électriques roulant en 2030, contre 1 % aujourd’hui.
  • Le plan veut aussi tripler l’usage quotidien du vélo, inciter trois millions d’automobilistes à choisir les transports en commun, inciter au covoiturage, etc.

Le plan table aussi sur la sobriété en matière de déplacements : évoquant trois jours de télétravail par semaine pour 7 millions de salariés, le tourisme local privilégié par 5 millions de Français et la sobriété dans l’aérien via un affichage environnemental « renforcé » pour « donner à voir aux consommateurs les impacts des vols ».

Bâtiments

Le secteur des bâtiments devra réduire ses émissions de 28 Mt CO2e. Parmi les objectifs suivis figurent : la suppression de 75 % des chaudières au fioul d’ici à 2030, la réduction d’environ 20 % les chaudières au gaz (hors pompe à chaleur hybrides), des rénovations « plus performantes et mieux accompagnées » et « des efforts de sobriété continus ».

Production et énergie

Le volet « mieux produire » du plan doit permettre de réduire les émissions de 113 Mt CO2e, dont -37 MtCO2e pour l’industrie, -30 Mt CO2e pour les transports et la logistique, -19 Mt CO2e dans le secteur de l’énergie et -9 Mt CO2e pour les déchets.

Cela passe par la décarbonation des 50 sites industriels, « des actions sur l’industrie diffuse et le captage et stockage de carbone ». Mais aussi par :

  • l’augmentation de la part du ferroviaire de 10 à 18 % et du fluvial de 2 à 3 %,
  • le doublement du rythme annuel de développement de nouvelles capacités photovoltaïques,
  • le maintien au « rythme actuel » du développement de l’éolien terrestre et l’atteinte de l’objectif de 18 GW d’éolien maritime mis en service en 2035.

Quant au nucléaire, il s’agit de « poursuivre le fonctionnement des réacteurs existants et renforcer leur disponibilité », « poursuivre la mise en œuvre du programme industriel de construction de six nouveaux réacteurs EPR2 et confirmer le lancement de huit autres », et d' »encourager le développement des petits réacteurs ».

L’État prévoit par ailleurs de rénover 15 % de ses bâtiments d’ici à 2030 « en priorisant les moins performants du parc ». Le gouvernement veut aussi favoriser l’économie circulaire et « engager une diplomatie des métaux » pour sécuriser l’accès aux matières premières et répondre à l’enjeu d’électrification des usages.

Agriculture

Le secteur agricole vise, lui, un objectif de réduction de 13 Mt CO2e via le « changement profond des pratiques de fertilisation azotée », la baisse des émissions du secteur de l’élevage par une évolution des régimes alimentaires et la transition vers un élevage plus durable ; ainsi que l’amélioration du stockage de carbone. Le document ajoute que la part de la surface agricole utilisée en agriculture biologique devra doubler (passant de 11 % à 21 % en huit ans) et il estime que « 20 millions de tonnes d’émissions (locales et importées) » pourraient être « évitées si la moitié des grands consommateurs de viande réduisaient leur quantité journalière, sans pour autant devenir végétarien ».

Biodiversité

La synthèse indique que le volet « mieux consommer » du plan est inachevé, les travaux étant toujours « en cours » (notamment avec la SNANC : Stratégie nationale Alimentation Nutrition Climat). Il comporte également un chapitre sur la préservation des ressources naturelles, qui rappelle la volonté du pays d’atteindre l’objectif zéro artificialisation nette en 2050, de restaurer 50 000 hectares de zones humides d’ici à 2026, planter un milliard d’arbres d’ici à 2031.

Tandis que les besoins en biomasse s’avèrent plus importants que l’offre, le gouvernement prévoit d’en produire plus « tout en préservant la biodiversité », de limiter les importations actuelles et de « baisser globalement » les besoins en bio-énergie.

« +60 MD€ DE FINANCEMENTS »

Le document rappelle la volonté du gouvernement de se préparer à un réchauffement de 4 °C d’ici à la fin du siècle via le prochain Pnacc (Plan national d’adaptation au changement climatique). Et ce, alors que le réchauffement atteint déjà +1,9 °C par rapport à 1900 en France métropolitaine.

Sur les financements, pour 2024, le plan présenté prévoit une première marche de +60 milliards d’euros de financements de l’État, des collectivités locales, des entreprises et des ménages, compte tenu d’une montée en puissance progressive des dispositifs d’ici à 2030″.

Ces montants sont cohérents avec le rapport Pisani-Ferry — Mahfouz, selon lequel l’atteinte de nos objectifs de transition écologique demande +100 milliards d’euros de dépenses additionnelles à horizon 2030.

( avec l’AEF)

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