Contrairement à ce que disent certains, la loi #EGAlim (Agriculture/Alimentation) ne prévoit en aucun cas une hausse des prix automatique de 10% sur tous les produits alimentaires. Pourquoi ?
L’un des objectifs de la loi #EGAlim, rappelons-le, est de mieux rémunérer les agriculteurs. Cette loi votée en octobre 2018 prévoit pendant deux ans, une expérimentation avec la hausse de 10% du « Seuil de Revente à Perte » – SRP.

Qu’est-ce que le Seuil de Revente à Perte ? Le seuil de revente à perte est la limite de prix en dessous de laquelle un distributeur (enseignes de grandes surfaces, hyper et supermarchés) ne peut revendre un produit sous peine d’être lourdement sanctionné. Aujourd’hui, les distributeurs font de faibles marges sur les produits de marques connues, produits  dits « d’appel » (ex : pâte à tartiner, café, boissons alcoolisées avec des produits aussi connus que le Nutella, le Ricard ou le Coca-Cola), qu’ils ont intérêt à vendre à bas prix pour attirer les consommateurs. Moins ces produits d’appel sont chers, plus on parvient à attirer les clients.

Quel est le lien entre l’augmentation du prix du Nutella et une meilleure rémunération des agriculteurs ?

La guerre des prix que se livre les distributeurs depuis des années consiste à casser les prix des produits des grandes marques, pour attirer les clients. Et les clients qui viennent acheter ces produits en promotion font le reste de leurs courses dans la même enseigne. Et c’est gagné !

Mais pour compenser les faibles marges réalisées sur ces produits d’appel, la grande distribution applique des marges bien plus élevées (jusqu’à 30% à 40%) sur les produits alimentaires fournies par les TPE et PME de l’agroalimentaire et les producteurs de produits dits locaux et notamment les produits bio. Les prix sont négociés au plus bas pour avoir ensuite des marges les plus élevées. C’est plus facile pour les distributeurs de de négocier durement avec eux : plus petits, moins organisés, leurs produits peuvent aussi être absents des rayons sans pénaliser le distributeur et le client le remarque moins.

Que prévoit la loi EGAlim sur le SRP?

L’idée est de freiner la guerre des prix sur des produits phares des grandes marques que les distributeurs financent par des marges élevées sur d’autres produits, notamment agricoles (cf l’article publié par Le Monde).

Ce que la loi #EGAlim prévoit, c’est un encadrement des marges des distributeurs, en les contraignant à fixer un prix de vente d’au moins 10 % supérieur au prix d’achat (relèvement de 10% du SRP). Concrètement, les distributeurs devront vendre à au moins 1€10 un produit qu’ils achètent 1€ à leur fournisseur. Et il leur est interdit de vendre ce produit moins de 1,10€.

L’augmentation du SRP a été souhaitée par la grande majorité des acteurs participants aux Etats Généraux de l’Alimentation (EGA) lancés par le Président de la République fin 2017. 

La hausse du SRP de 10% prévu par la loi EGAlim, oblige donc les distributeurs à augmenter les prix des produits d’appel et contrarie leur stratégie des prix les plus bas.
7% des produits alimentaires (les « produits d’appel ») 
sont concernés. Pour les 93% de produits restants (par exemple les fruits et légumes), les marges auront vocation à baisser en contrepartie. L’effet sur le panier moyen devrait donc in fine être limité entre +1,4 et +1,7%. La hausse des prix sur les produits d’appel des grandes marques devrait être (plus ou moins ) de +6%. Et certains entretiennent la confusion sur le niveau de hausse possible du panier moyen.

Cette mesure sera pérennisée si elle atteint l’objectif visé, après une expérimentation de 2 ans.