« C’est maintenant ou jamais si nous voulons limiter le réchauffement global à 1,5 °C », a déclaré le coprésident du groupe de travail III du GIEC, Jim Skea, à l’occasion de la présentation du rapport Atténuation du changement climatique rendu public le 4 avril.

Les membres du GIEC ont publié un 1er volet en août 2021 sur l’accélération du réchauffement

Le 2e publié fin février 2022, décrivait les impacts généralisés et souvent irréversibles du changement climatique sur la population et les écosystèmes, ainsi que l’adaptation rendue de plus en plus coûteuse et difficile.

Le 3e rapport, rédigé par 278 chercheurs de 65 pays, à partir de 18 000 études scientifiques, détaille l’éventail des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ce qui en fait le chapitre le plus politique.

Le 3e volet du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) détaille secteur par secteur, les pistes pour diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, et éviter des impacts dévastateurs dans les prochaines décennies.

Le message central du rapport est en forme de compte à rebours : d’ici à 2030, le monde devrait avoir réduit ses émissions globales de 43 %, et avoir passé son pic d’émissions dès 2025. Atteindre la neutralité carbone au plus tard en 2050 est la condition impérative pour endiguer le réchauffement climatique.

Le rapport identifie néanmoins, de nombreux obstacles au changement : la gestion néfaste des terres, les subventions aux énergies fossiles, l’expansion continue des infrastructures fonctionnant au charbon, au pétrole et au gaz.

Un nombre croissant de politiques et de lois qui nous mettent sur la bonne voie

Selon le GIEC, de nombreuses mesures ont permis d’améliorer l’efficacité énergétique, de réduire les taux de déforestation et d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables.

Grâce à un éventail croissant de politiques et de lois, le déploiement technologies bas-carbone a fortement augmenté, et leur coût a baissé entre 2010 et 2019, de 85 % pour l’énergie solaire, de 55 % pour l’éolien et de 85 % pour les batteries ion-lithium, qui ont permis de multiplier par 100 le nombre de véhicules électriques dans le monde.

Le GIEC appelle à des mesures immédiates dans tous les secteurs pour réduire nos émissions

Tous les pays doivent renforcer leurs engagements climatiques et surtout leur mise en œuvre. Sans cela, les émissions de gaz à effet de serre devraient augmenter au-delà de 2025, entraînant un réchauffement planétaire moyen de 3,2 °C à la fin du siècle, jusqu’à 5 °C dans le pire scénario.

Pour diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, des transitions majeures devront être opérées dans les secteurs les plus émetteurs. 

Le secteur de l’énergie :

  • Une diminution « substantielle » de l’usage des combustibles fossiles,
  • Déploiement de sources d’énergie à faibles émissions,
  • L’accroissement des énergies renouvelables,
  • Une électrification généralisée,
  • Un recours aux combustibles alternatifs comme l’hydrogène,
  • Économies d’énergie, modération de la demande et sobriété,
  • Davantage d’efficacité énergétique,
  • Une hausse substantielle des financements et de l’aide pour soutenir l’innovation technologique.

Pour décarboner le secteur de l’industrie, qui représente 1/4 des émissions mondiale : le GIEC promeut l’efficacité énergétique, le réemploi et le recyclage des produits. Cet objectif nécessitera aussi de nouveaux processus de production, une électricité faible voire zéro carbone, de l’hydrogène, et de la capture et du stockage de carbone.

Le secteur de l’agriculture et la sylviculture, qui représentent 22 % des émissions mondiales, peuvent fournir des solutions de réductions d’émissions à grande échelle, mais également éliminer et stocker le CO2. 

  • Protection et restauration de forêts ou des zones humides,
  • Baisse de la déforestation,
  • Gestion durable des cultures et du bétail,
  • Modification des régimes alimentaires,
  • Réduction des pertes et gaspillages de nourriture…

Le secteur des transports :

  • Les véhicules électriques à faibles émissions offrent le plus grand potentiel de décarbonation pour le transport terrestre, sur la base du cycle de vie,
  • Les biocarburants durables peuvent contribuer en matière d’atténuation dans les transports terrestres, transport maritime, l’aviation et les transports terrestres lourds, mais nécessitent des améliorations de production et des réductions de coûts.

Les zones urbaines doivent être repensées :

  • Accélérer le rythme de rénovation énergétique des bâtiments,
  • Encourager les transports en commun et non motorisés,
  • Déployer l’électrification de nos villes,
  • Réduire la consommation d’énergie et de matériaux,
  • Rendre les villes plus compactes, avec des logements plus proches des lieux de travail, et disposer d’espaces verts ou de lacs pour absorber le carbone.

Des pistes d’amélioration pour renforcer notre réponse face au changement climatique

  • Renforcer et élargir divers instruments réglementaires et mécanismes dits de marché,
  • Poursuivre l’innovation et le déploiement de technologies,
  • Réorienter et mobiliser la finance,
  • Renforcer la coopération internationale (transfert de technologies, renforcement des capacités, financements).

 

Retrouvez l’article Ouest France « Rapport du Giec : contre le réchauffement climatique, tout doit se jouer avant 2025«