Avec le dérèglement climatique, les incendies de forêts géants – aussi appelé des « mégafeux » – qui ont  touché le Portugal et l’Espagne constituent une menace de plus en plus crédible dans les années à venir. En août dernier à Gonfaron dans le Var, plus de 7 000 hectares ont ainsi été ravagés dans le Massif des Maures, un incendie que plus de 1 000 pompiers ont mis une semaine à éteindre.

Pour préparer nos territoires à y faire face, les députés Alain Perea et François-Michel Lambert ont formulé plusieurs propositions dans le cadre d’une mission flash sur la prévention des incendies de forêt et de végétation lancée par la Commission du développement durable.

Au cours d’une dizaine d’auditions et tables rondes, les rapporteurs ont entendu les services de l’État (direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises – DGSCGC, direction générale de la performance économique et environnementale des entreprises – DGPE, direction générale de la prévention des risques – DGPR, délégué ministériel à la forêt et au bois) des opérateurs (Office national des forêts -ONF, Météo-France, Institut national de l’information géographique et forestière – IGN), des représentants de collectivités territoriales, des associations environnementales et plus largement des acteurs concernés par les incendies de forêt et de végétation (chambres d’agriculture, sociétés d’autoroutes…). Les rapporteurs ont également effectué un déplacement dans les Bouches-du-Rhône et dans le Var.

Les mégafeux, une menace de plus en plus crédible dans les années à venir

Si 20% de l’hexagone étaient concernés par des conditions propices à des départs de feux entre 1960 et 1980, 40% l’étaient devenus dans les années 2010 selon Météo-France. Ce pourcentage ne fera qu’augmenter au cours des prochaines années. Vers 2060, près de 60 % de la surface des landes et des forêts de métropole sera concerné.

Le changement climatique entraine une plus grande sévérité des épisodes de feux, un allongement de la saison des feux ainsi que l’extension du risque d’incendies à l’ensemble du territoire.

5 propositions pour mieux prévenir et anticiper les incendies de forêts et de végétation 

En France, 95% des incendies sont éteints avant d’atteindre la superficie de 5 hectares. Une politique de prévention jugée « efficace » par la mission qui pointe toutefois une absence de coordination des messages pour le grand public et des moyens alloués aux action de communication notamment.

1.       Permettre une prise de conscience nationale 

  • Renforcer les moyens affectés à la connaissance des causes et des coûts des incendies de forêts et de végétation. Des caméras automatiques de guet ou des satellites permettraient, par exemple, d’obtenir de nouvelles données,
  • Préserver les capacités humaines et matérielles de lutte contre les incendies,
  • Proposer des campagnes de sensibilisation des citoyens sur les risques, les incendies étant en très grande majorité causés par un acte d’imprudence.

2.      Améliorer la coordination des acteurs de la prévention aux niveaux national et local

  • Mettre en place un document interministériel de stratégie générale de prévention et de lutte contre les feux de végétation,
  • Encourager la conduite de réunions annuelles entre les directions ministérielles concernées,
  • À un niveau plus localisé, les acteurs concernés pourraient également s’inspirer des méthodes utilisées dans le domaine du risque d’inondation afin d’organiser des échanges entre parties prenantes.

3.     Faire de la maîtrise de l’habitat diffus une priorité dans l’aménagement du territoire

« 500 000 habitations sont en risque incendie de forêt, soit 1,5 à 2 millions d’habitants », selon le député François-Michel Lambert. 

  • Renforcer les règles d’urbanisme en faisant strictement appliquer les règles édictées dans les plans de prévention du risque incendie de forêt (PPRIF),
  • Mener une réflexion sur la manière de réglementer les nouvelles formes d’habitat (habitat mobile, dans les arbres, tinyhouses…),
  • Effectuer un pilotage administratif de la gestion de l’évolution de la déprise agricole et de l’extension des espaces naturels en friche ou de la forêt,
  • Envisager la destruction de certaines habitations construites dans des zones à risques.

4.     Faire appliquer et simplifier l’obligation légale de débroussaillement

  • Simplifier les obligations légales de débroussaillement afin de régler les difficultés liées à la superposition d’obligations,
  • Mieux informer et sensibiliser les propriétaires sur les bénéfices associés au respect de l’obligation pour leur sécurité et la protection de leur habitation,
  • Fournir un appui méthodologique aux maires en mettant à leur disposition des outils pour établir les plans de débroussaillement,
  • Renforcer le volet répressif, en augmentant le montant de la sanction.

5.     Promouvoir une gestion plus durable des espaces et lisières forestiers

  • Développer la sylviculture et l’agropastoralisme qui jouent un rôle essentiel dans la limitation du risque d’incendies,
  • Favoriser les usages agricoles dans les interfaces forêt-espaces urbanisés. En effet, l’abandon de l’exploitation agricole et forestière a comme double conséquence celle, visible, de l’avancée de la forêt avec une augmentation de la charge combustible de petites herbes et arbustes, et celles moins visible de la perte de la présence de l’homme connaisseur de l’espace naturel et vigilant,
  • Encourager les forêts privées à se doter d’un document de gestion durable.