Depuis 2 ans, l’épidémie de COVID19 a mis notre système de santé et de soin et leurs personnels à rude épreuve. J’ai donc souhaité aller à leur rencontre, lors d’une visite au CHU de Rennes vendredi 21 janvier dernier afin de pouvoir remercier et apporter mon soutien aux équipes des urgences, des réanimations médicales ainsi que du SAMU.
Au CHU de Rennes , 169 patients sont hospitalisés à cause du Covid (93 en médecine, 26 en réanimation, 46 en soins de suite et réanimation et 4 en soins longue durée) et 350 personnels sont en arrêt maladie. Les patients COVID en réanimation sont très majoritairement des personnes non-vaccinées atteint par le variant Delta ou des personnes avec des schémas vaccinaux non complets.
Le CHU connait actuellement une surcharge de travail avec également de fortes pressions au service des urgences avec une augmentation de 30 % des admissions et des hospitalisations.
Pour affronter la 5ème vague, le CHU a dû s’adapter en transformant notamment 23% des blocs opératoires en lits de réanimation et par conséquence, cette adaptation a dû conduire à déprogrammer des opérations.
Toutes les équipes sont encore fortement sollicitées ces derniers jours par l’afflux de patients atteints du COVID19 et la 5e vague épidémique.
Je tiens à saluer une nouvelle fois l’engagement de toutes les équipes, leur professionnalisme et leur dévouement. Je me suis par ailleurs engagée à poursuivre les échanges avec plusieurs d’entre eux sur ces conditions de travail.
La Bretagne, première région en termes de vaccination *
Le taux d’incidence en Ille-et-Vilaine est en hausse ces derniers jours et reste supérieur à la moyenne nationale (3 460 pour 100 000 habitants). A Rennes, le taux d’incidence est de 3 634 pour 100 000 habitants. 42 patients ont été admis en réanimation en Ille-et-Vilaine. Cependant, grâce au respect des gestes barrière et à la vaccination, ce chiffre commence à diminuer dans la région (-5 patients).
La vaccination, quant à elle, continue à progresser significativement. En Bretagne, durant la semaine du 17 janvier 2022, près de 60 000 personnes ont effectué une vaccination complémentaire. En Ille-et-Vilaine, plus de 800 jeunes ont été vaccinés en l’espace d’une semaine, avec au total, 2 600 jeunes de moins de 11 ans vaccinés.
*Chiffres issus de la réunion COVID-19 autour du préfet et de l’ARS du 21 janvier 2022
Point sur les avancées du Ségur de la Santé
Pour répondre de manière immédiate à l’urgence à laquelle fait face l’hôpital public, le Gouvernement a présenté, au printemps 2020, le Ségur de la Santé – doté d’une enveloppe globale de 19 milliards d’euros déployée sur 10 ans :
- 9 milliards d’euros aux grands projets et à l’investissement du quotidien dans les établissements de santé,
- 6,5 milliards dédiés au désendettement des hôpitaux pour leur donner plus de marges de manœuvre,
- 1,5 milliards pour la modernisation des EHPAD,
- 2 milliards d’euros consacrés au développement du numérique dans le secteur.
Ces deux accords du Ségur signés en juillet 2020 consacrent respectivement :
- 7,6 milliards d’euros par an à la revalorisation de l’ensemble des métiers non-médicaux dans les établissements de santé et médico-sociaux des secteurs publics ou privés, et prévoyant également le recrutement de 15000 personnels
- 450 millions d’euros par an à l’attractivité de l’hôpital public pour les praticiens hospitaliers.
Après concertation des syndicats et représentants des étudiants médicaux, étudiants paramédicaux et des internes, le Gouvernement s’est également engagé à consacrer 200 millions d’euros par an à la revalorisation des indemnités de stage et émolument d’internats, à la revalorisation des gardes pour les internes.
● En savoir plus les accords concernant les carrières, métiers et rémunérations sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/systeme-de-sante-et-medico-social/segur-de-la-sante/article/accords-carrieres-metiers-et-remunerations
Financements complémentaires pour le site du CHU de Rennes
En Ille-et-Vilaine, le Ségur de la Santé a d’ores-et-déjà permis d’abonder de 80 millions d’euros le financement du projet de construction d’un nouveau site du CHRU de Rennes. La première étape du grand projet de rénovation du CHU étant la construction du site du futur centre chirurgical interventionnel qui comprendra 35 blocs opératoires, 20 de chirurgie interventionnelle ainsi que l’imagerie, un plateau de soins critiques, 240 lits d’hospitalisation et un héliport.
Revalorisation salariales
Les travaux du Ségur de la santé ont permis de négocier avec l’ensemble des représentants syndicaux et professionnels des engagements forts de revalorisation pour les professionnels et cadres des établissements de santé ainsi que des EHPAD.
- La première étape du Ségur de la Santé avait déjà permis d’augmenter la rémunération des professionnels des établissements de santé et des EHPAD à hauteur de 183 euros nets supplémentaires par mois. Aussi, la majorité a acté la revalorisation et l’extension de l’indemnité de service public exclusif pour l’ensemble des médecins travaillant à l’hôpital public, de même que les indemnités de stage pour les étudiants paramédicaux, les étudiants en santé et les internes, et augmenté les indemnités de gardes pour ces derniers,
- La deuxième étape du Ségur de la Santé a acté une revalorisation inédite des rémunérations pour 500 000 professionnels de santé à partir du 1er octobre 2021. À titre d’exemple, les 153 000 infirmiers en soins généraux percevront, en moyenne, 3400€ nets par mois en fin de carrière grâce à une augmentation supplémentaire de 107€ par mois, qui s’ajoutent aux 183 euros d’augmentation de la 1ere étape du Ségur. La revalorisation totale est portée à 290 euros nets par mois,
- Le Premier ministre a annoncé mardi 28 décembre 2021 une prime mensuelle de 100 euros nets pour les infirmiers et infirmières des services de soins critiques et de réanimation très fortement sollicités par la crise sanitaire. Environ 24 000 personnes sont concernées par cette revalorisation salariale qui est versée depuis janvier 2022.
Ouvertures et fermetures de lits à l’hôpital
En 2020, on comptait 386 835 lits lits d’hospitalisation complète contre 392593 lits en 2019, soit une diminution de 5758 lits d’hospitalisation à temps complet entre 2019 et 2020 (-1,5%)
Entre 2013 et 2010, 27 000 lits d’hospitalisation complète ont ainsi fermés, soit une baisse de 6,5 % en sept ans.
Le nombre de places d’hospitalisation complète diminuerait de 1,7% en 2020
Ces chiffres sont à prendre avec précaution en raison des forets tensions sur la prise en charge des patients pendant l’épidémie de COVID 19. Il est donc difficile de mesurer le nombre de lits effectivement fermés, ou ouverts. Entre 2019 et 2020, les fermetures de lits ne sont pas liées à des décisions budgétaires car les postes sont ouverts et les budgets constants mais parce que les postes ne sont pas pourvus, faute de personnels suffisants.
La crise sanitaire a un impact sur les capacités d’hospitalisation et les ressources humaines hospitalières. Par exemple, un lit de réanimation nécessite la présence de plusieurs soignants. Il est donc difficile de mesurer le nombre de lits effectivement fermés, ou ouverts. Il faudrait donc pouvoir prendre en compte :
– L’augmentation de lits, en raison de la crise sanitaire, pour répondre aux capacités en réanimation, où les lits sont passés de 5100 à 5 800.
– Le déploiement temporaire de lits pour faire face à la pandémie ;
– Les fortes variations du nombre de lits au cours de l’année 2020 au gré des vagues épidémiques
– Certains établissements ont été contraints, temporairement, de ne plus accepter de patients pour dégager des moyens en personnel avec la déprogrammation de nombreuses hospitalisations qui se traduit par une baisse de nombre de lits.
En revanche, le nombre de places d’hospitalisation partielle progresserait de 1,7% en 2020
Pour plusieurs raisons :
– Mode d’hospitalisation plus courant grâce aux innovations médicales (1980),
– Depuis 2013, 8 200 places ont été créées en hospitalisation partielle, soit une hausse de 11,4 % en sept ans,
– En 2020, 1 400 places d’hospitalisation partielle ont été crées : ce mouvement se poursuit et le nombre de places augmente de 1,7 %, un rythme comparable à celui des années précédentes.
Entre fin 2019 et fin 2020, la capacité d’accueil hospitalière a progressé de 3,6 % en soins critiques et de 10,8 % en hospitalisation à domicile.
La progression des hospitalisations de courte durée (moins de 12 heures) compenserait en partie les fermetures de lits.
La prise en charge des patients COVID a reposé sur les capacités d’accueil en soins critiques ( réanimation, soins intensifs et surveillance continue) : au 31 décembre 2020, les établissements de santé disposaient de 20 300 lits de soins critiques – soit 700 de plus que fin 2019 (+3,6 %). La progression est trois fois plus rapide que la tendance des années précédentes (+1,1 % en moyenne par an de 2013 à 2019), est portée par la hausse des lits de réanimation.
Le défi depuis 2017 : attirer, former et fidéliser les soignants
Plusieurs mesures ont d’ores et déjà été prises. Mais elles ne porteront leurs fruits que dans plusieurs annnée :
– Avec la fin du numérus clausus : chaque université définit le nombre d’étudiants admis en tenant compte des besoins de santé et d’effectifs : la barre des 10 600 étudiants admis en 2e année de médecine sera franchie à la rentrée 2021, soit une majoration de 1300 places (14 %) par rapport à l’an dernier.
– développement de la téléconsultation dans tous les territoires 100x + de consultations en télémédecine 2x + de maisons de santé 2x + de centres de santé 2 000 assistants médicaux
A noter que les capacités de formation dépendent aussi des offres de stages dans les établissements hospitaliers et dans les cabinets libéraux qui doivent nécessairement progresser dans les mêmes proportions.
En savoir plus :
● Sur l’évolution de la démographie médicale en France : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/demographie-des-professionnels-de-sante
● Sur le nombre de lits de réanimation, de soins intensifs et de soins continus en France : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/article/nombre-de-lits-de-reanimation-de-soins-intensifs-et-de-soins-continus-en-france-fin-2013-et