J’ai eu l’occasion de visiter le site R&D du groupe Michelin en Auvergne avec mes collègues députés de la Commission Développement durable.
Fleuron de l’industrie française, Michelin met en oeuvre une stratégie 100% matériaux biosourcés, investit dans l’hydrogène, se prépare à la sortie des énergies fossiles en intégrant des materiaux biosourcés ou recyclés dans la fabrication de ses pneus, intègre l’ACV et l’économie circulaire dans ses process de fabrication pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050.
Inauguré en 2016, le site Michelin de Ladoux compte 79 bâtiments répartis sur 450 hectares et rassemble près de 3 300 salariés. Environ 70% des pneus Michelin circulant dans le monde sont développés sur le site. De nombreuses inventions du Groupe ont été pensées par les équipes R&D du site : le pneu vert, le Cross Climate, le pneu de génie civil géant ou encore le pneu vélo Michelin power. Les constructeurs mondiaux les plus innovants en matière de mobilité électrique et hybride – comme Renault, Tesla et PSA – testent leurs prototypes sur les pistes d’essais du site.
Sortie des énergies fossiles : le défi pour Michelin
A l’occasion du Capital Markets Day du groupe du 8 avril 2021, la direction de Michelin a présenté sa stratégie et ses ambitions pour 2030. Pour tendre vers la neutralité carbone d’ici 2050, Michelin prévoit d’atteindre 40 % de matériaux durables incorporés dans l’ensemble de ses produits à horizon 2030, avec son ambition de parvenir à 100 % de matériaux durables en 2050.
Les projets innovants du groupe présentés lors de cette visite
- Le projet Carbios : Michelin a conclu un partenariat avec la jeune entreprise Auvergnate Carbios pour utiliser dans ses pneumatiques leur procédé de recyclage enzymatique des déchets plastiques en PET (Polytéréphtalate d’éthylène), contenus dans différents plastiques ou textiles (bouteilles, barquettes, vêtements polyester etc). Cette innovation permet un recyclage à l’infini de tous types de déchets en PET ainsi que la production de produits PET 100 % recyclés et 100 % recyclables. L’objectif du groupe est de fabriquer des pneus constitués à 100 % de matériaux biosourcés ou à base de produits recyclés à horizon 2050, contre 28 % aujourd’hui et 40 % en 2030.En chiffre : Chaque année, 1,6 milliard de pneus de véhicules légers sont vendus dans le monde. Les fibres PET utilisées dans ces pneus (tous fabricants de pneu confondus) représentent 800.000 tonnes par an. À terme, ce sont donc potentiellement près de 3 milliards de bouteilles plastiques par an qui pourraient être recyclées en fibres techniques pour les pneus Michelin.
- Projet Pyrowave : Michelin et la société Canadienne Pyrowave s’allient pour accélérer la mise sur le marché de pneumatiques formés à partir de plastiques recyclés. Michelin souhaite investir plus de 20 millions d’euros, avec lesquels il financera un prototype de régénération de polymères plastiques en styrène d’ici 2023. La société canadienne Pyroware a en effet développé une technologie permettant de produire du styrène recyclé à partir de plastiques post consommation (emballages à usage unique, panneaux isolants, électroménagers).
- L’innovation Uptis : « système pneumatique unique anti-crevaison » (Unique Puncture-proof Tire System):
Environ 200 millions de pneus dans le monde sont jetés prématurément à cause de crevaisons ou de défauts. Développé en partenariat avec le constructeur automobile General Motors, le pneu Uptis devrait être commercialisé en 2024. Sans air et donc increvable, le pneu Uptis dispose d’une gomme constituée d’un mélange de caoutchouc et d’un matériau innovant composé de verre et de résine. En outre, le pneu Uptis est connecté et constitué de matériaux entièrement renouvelables et biosourcés. Le pneu peut également être réparé ou rénové directement à l’aide d’une imprimante 3D.
Le pneu écoresponsable e-Primacy: Le pneu e-primacy est le premier pneu Michelin conçu en tenant compte de l’analyse de son cycle de vie, c’est-à-dire en intégrant le bilan de ses impacts environnementaux durant toute sa durée de vie. Grâce à sa performance en résistance au roulement, l’e-primacy permet à la fois de consommer moins d’énergie (Classé « A » en terme d’efficacité énergétique) mais également de favoriser la transition vers la mobilité électrique – en permettant notamment un gain d’autonomie de 7%, ou 30 km environ, pour un véhicule électrique ayant une autonomie de 400 Km.