Nous pensions l’été 2021 plus clément que le précédent. Mais c’était sans compter l’apparition du variant Delta du Covid19, redoutable car encore bien plus contagieux. Les admissions en soins critiques à l’hôpital repartent à la hausse pour la troisième semaine consécutive en France. L’enjeu sanitaire est donc d’accélérer la vaccination pour maintenir l’impact de l’épidémie et de réduire la mortalité et la morbidité attribuables à la maladie (hospitalisations, admissions en soins intensifs et décès) et de maintenir les activités essentielles du pays, particulièrement celles du système de santé pendant l’épidémie.

Pourquoi accélérer la vaccination ? Si la plupart des personnes infectées développent une forme bénigne ou modérée du COVID-19 et que certaines sont totalement asymptomatiques, beaucoup tombent gravement malades et doivent être hospitalisées. On commence seulement à comprendre les conséquences de la maladie sur la ‎santé à long terme des personnes atteintes, y compris de ce que l’on appelle désormais les « formes longues du COVID-19 ». Il n’est évidemment pas envisageable de laisser le virus circuler au sein de populations, en laissant libre champ à des infections parfois graves, des ‎souffrances et des décès inutiles. Ce ne serait ni éthique, ni responsable.

Le variant Delta est environ 1,6 fois plus contagieux que le variant Alpha, lequel est 1,6 fois plus contagieux que la souche originelle du virus. Ainsi, en Angleterre ou en Espagne, les indicateurs se sont très nettement aggravés ces dernières semaines avec le variant Delta, avec respectivement 36000 et 20 000 cas quotidien. Au Portugal, pour lutter contre l’aggravation de l’épidémie, un couvre-feu a dû être rétabli dans la région de Lisbonne et un passe sanitaire a été mis en place pour l’accès aux hôtels et restaurants.

En France, actuellement, le nombre de nouveaux cas se situe au niveau de  20000 en moyenne par jour.
L’état d’urgence sanitaire a dû être déclaré, le 13 juillet, à la Réunion et à la Martinique, à cause du risque trop important que l’aggravation de l’épidémie représentait compte tenu des spécificités du système de soin local et du faible taux de couverture vaccinale des populations concernées. En l’état, l’institut Pasteur et l’institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) estiment possible, dans une récente modélisation, une 4e vague épidémique dès le mois de juillet avec un pic situé entre la fin du mois d’août et la mi-septembre, et des admissions à l’hôpital et en soins critiques qui pourraient dépasser le niveau de la première vague, en mars 2020.

C’est donc véritablement une course contre la montre qui est engagée.

Pour éviter de nouvelle restrictions et de nouvelles fermetures administratives, le gouvernement incite le plus grand nombre de personnes à opter pour la vaccination. L’objectif est désormais d’atteindre 50 millions de primo-vaccinés fin août (au lieu des 40 millions initialement prévus fin août). Il a également étendu l’utilisation du passe sanitaire depuis le 21 juillet

L’extension du passe sanitaire a reçu un accueil pour le moins mitigé de la part d’un certain nombre de nos concitoyens. Je peux le comprendre. En revanche, il me semble c’est que c’est la seule solution dont nous disposons pour éviter les fermetures et restrictions que nous avons connues pendant les trois vagues épidémiques précédentes. C’est le seul outil qui nous donnera une chance de se sortir de cette crise sans précédent.

Sa durée d’application est strictement limitée. Le passe sanitaire n’est autorisé que dans le cadre du régime de sortie de la crise sanitaire dont la date de fin est fixée au 15 novembre 2021. Une fois que ce régime aura cessé d’être utilisé, c’est-à-dire quand la situation sanitaire ne le justifiera plus, le passe sanitaire cessera immédiatement. Pour le prolonger au-delà du 15 novembre, il faudrait une nouvelle loi, et donc un nouvel examen parlementaire.

Par ailleurs, aucune donnée de santé n’est affichée dans le cadre du passe sanitaire : le document papier et le document numérique sont dotés d’un QR code qui, lors du contrôle, ne permet d’afficher que les noms, prénoms et date de naissance de la personne (éléments permettant d’éviter une fraude). En aucun cas il est possible de savoir quel document a été fourni pour satisfaire aux obligations du passe. La loi est très claire à ce sujet, tout comme sur l’interdiction de conserver ces documents qu’ont les personnes chargées du contrôle.

Enfin, le passe sanitaire n’induit pas une obligation vaccinale. Le passe sanitaire est délivré soit avec un test RT-PCR et antigéniques négatif, soit avec un certificat de rétablissement après contamination, soit avec un certificat de contre-indication à la vaccination, soit avec un justificatif du statut vaccinal complet.
L’obligation vaccinale ne concerne que les personnels soignants et non-soignants de hôpitaux, cliniques, maisons de retraite, établissements pour personnes en situation de handicap. Ces professionnels devront justifier de l’ensemble des doses requises à compter du 15 octobre.

S’agissant de l’efficacité du vaccin sur le variant Delta, elle ne fait aucun doute. Avec une double dose de vaccin à ARN messager, le taux de réduction des contaminations à la forme symptomatique de la covid provoquée par le variant anglais est de 92 % ; la même double dose du même vaccin confère une protection de près de 88 % contre la forme symptomatique de la covid provoquée par le variant delta. En France, 96 % des personnes ayant développé une forme symptomatique du virus n’étaient pas vaccinées. Les vaccins actuellement autorisés en France sont efficaces à plus de 90 % contre les formes graves de la Covid- 19. Couplé avec les mesures barrières, seul le vaccin contribuera à maîtriser l’impact de l’épidémie de la Covid-19 sur le long terme.

Je considère pour ma part que les pouvoirs publics et les citoyens ont le devoir de privilégier la responsabilité collective pour sortir au plus vite de la crise. Loin d’être arbitraire ou anti-démocratique, la mise en place de ces mesures nous permettra de préserver la liberté de chacun à poursuivre une vie normale, dans un pays déconfiné, tout en évitant un drame dans les hôpitaux.