J’ai accueilli le 23 juillet, Olivier Damaisin, député de Lot-et-Garonne, dans le cadre de sa mission interministérielle sur la prévention et l’accompagnement des agriculteurs en difficulté. Après avoir rencontré un agriculteur dont l’exploitation est en redressement depuis cinq ans et discuté avec une jeune Bretillienne dont le père agriculteur s’est suicidé, la journée s’est terminée sur une table-ronde avec les différents acteurs agricoles et pouvoirs publics.
Une mission interministérielle pour faire l’état des lieux du mal-être paysan et de proposer des pistes de prévention au suicide agricole
Cette mission interministérielle, confiée par le Premier ministre à Olivier Damaisin, auprès d’Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé et Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, comporte quatre grands objectifs :
➡️ Obtenir des données fiables sur le suicide dans le monde agricole, disposer d’une comparaison européenne, enrichir l’analyse des causes ;
➡️ Améliorer la sensibilisation et la formation des organismes chargés d’intervenir auprès des agriculteurs (identification précoce, prévention du suicide, suivi) ;
➡️ Rendre le dispositif d’identification et d’accompagnement plus efficace et lisible, en particulier travailler sur le financement des associations, comme Solidarité paysans et faire coopérer dans tous les territoires les banques, l’État, la MSA (la sécurité sociale agricole), les associations, les acteurs du monde agricole. Il s’agit de savoir humaniser les dispositifs en place et d’éviter la stigmatisation des acteurs en difficulté ;
➡️ Comprendre l’impact des controverses sur l’agriculture, de l’accroissement des incivilités et des agressions d’agriculteurs, et proposer des mesures pour la valorisation de l’agriculture et ses métiers auprès du grand public.
A partir des échanges et témoignages recueillis dans les territoires, le député Olivier Damaisin formulera plusieurs recommandations et rendra ses conclusions à l’automne 2020.
Des constats présentés lors de la table-ronde
Pour lutter efficacement contre le suicide des agriculteurs, il faut comprendre les facteurs de risques psycho-sociaux, tels que la pression financière et l’endettement, les problèmes interpersonnels, les événements particuliers de vie ou les difficultés de la transmission. C’est ce à quoi nous avons tenté de répondre lors d’un échange avec les différents acteurs agricoles et pouvoirs publics.
Autour de la table : la Mutualité Sociale Agricole, la Confédération Paysanne d’Ille-et-Vilaine, le Conseil Départemental d’Ille-et-Vilaine, la Chambre d’Agriculture de Bretagne, l’association Solidarité Paysans de Bretagne, la Coordination Rurale d’Ille-et-Vilaine et la FDSEA d’Ille-et-Vilaine.
Ces acteurs ont exposé leurs attentes et leurs difficultés à repérer au plus vite des signes de détresse chez les agriculteurs : lutter contre l’isolement, traiter en amont les situations de détresse, détecter et orienter les agriculteurs en détresse, aider à la reconversion, délivrer une meilleure connaissance de l’accès aux droits, recréer les réseaux d’entraide, prendre en compte les singularités agricoles et accompagner les projets d’installation des jeunes agriculteurs.
Plusieurs pistes ont été soulevées :
✅ Lever les relances de paiement pendant six mois à partir du moment où l’agriculteur commence à faire les démarches administratives
✅ Lever le secret bancaire dans les situations à risque
✅ Lever le secret médical lors d’une situation d’urgence
✅ Raccourcir les délais pour arrêter plus rapidement une exploitation agricole
Des dispositifs sont déjà mis en place afin d’améliorer la prévention du risque suicidaire en milieu rural. Si vous connaissez une personne ou si vous êtes vous-même en difficulté parlez-en au 09 69 39 29 19 (Agri’Ecoute) et en cas d’extrême urgence, contactez le 15 ou le 112 depuis un portable.