Depuis des décennies, les responsables politiques, de gauche comme de droite, ont « acheté la paix sociale » en prenant des mesures au coup par coup, parfois contradictoires, mais ils n’ont pas vraiment construit, au quotidien, la paix sociale.

L’Intérêt Général, c’est d’agir en continu pour la Paix Sociale, sans laquelle la société ne peut pas évoluer positivement.

Un véritable climat de « guerre civile » s’est, peu à peu, développé, d’où l’explosion actuelle portée par le mouvement des gilets jaunes.

Notre société est aujourd’hui comparable au Titanic.

Elle repose sur un État puissant, disposant de ressources suffisantes pour assurer un bien-être collectif. Et pourtant, tous les passagers ne sont pas considérés comme il le faudrait. Il y a « ceux qui ne sont rien » et qui restent cantonnés à fond de cale et ceux qui se prélassent sur leur chaises longues au soleil, sans trop se soucier des voyageurs entassés sur les ponts inférieurs. Et pourtant, si le navire fait naufrage, ils couleront eux-aussi corps et biens avec l’ensemble des voyageurs.

Certains réussiront sans doute, mais il seront peu nombreux, á sauver leur peau en s’emparant des rares chaloupes de sauvetage qu’ils auront réquisitionnées et en abandonnant lâchement leurs congénères.

Le récent rapport d’activité annuel du Défenseur des droits dénonce les effets néfastes et dévastateurs de « l’évanescence croissante des services publics sur les personnes pour lesquelles ils constituent souvent le principal recours ».

Selon son analyse, l’État s’est trop souvent déchargé de ses obligations en déléguant « certains services publics, en particulier dans le domaine de l’action sociale et de l’aide à domicile des personnes en perte d’autonomie » à « des associations à but non lucratif de plus en plus mises en concurrence avec des sociétés privées dans le cadre de procédures d’appel d’offres où les critères financiers s’avèrent prédominants ».

Force est de constater une progressive marchandisation de la société, dans un contexte communautaire favorable à une telle évolution souvent qualifiée, par abus de langage, de modernisation.

Le constat est le suivant: maternités supprimées en zone rurale, bientôt les tribunaux d’instance, les lignes SNCF remplacées par des cars « Macron », l’administration qui numérise ses procédures à tout va, une réduction drastique des effectifs de la fonction publique……la liste n’est pas exhaustive.

Lancé en octobre 2017 par Édouard Philippe, le programme « Action publique 2022 » comporte un grand risque pour l’avenir de la fonction publique, qui ne sera pas nécessairement en adéquation avec le renforcement nécessaire des services publics.

À titre d’illustration, l’administration fiscale se donne-t-elle réellement les moyens de lutter efficacement contre la fraude? Il y a en effet entre 80 et 100 milliards d’euros de fraude fiscale par an dans notre pays ! Mais on ne se donne pas les moyens d’aller les chercher, non seulement en ne créant pas les postes nécessaires, mais en supprimant des effectifs pourtant indispensables. C’est, sinon une absence de volonté politique, une très grande erreur.

Face à ce triste constat, il faut impérativement cesser de mettre en oeuvre des mesures au coup par coup et il faut s’attaquer à un véritable Big Bang sociétal garantissant, dans une fraternité retrouvée, une réelle égalité en droit, condition sine qua non pour garantir au profit de chacun une redistribution équitable du bénéfice sociétal commun.

Une fiscalité équitable et consentie ne peut reposer que sur la garantie absolue qu’elle sert à financer des dépenses reconnues comme indispensables au bénéfice de tous (santé, sécurité, justice, éducation, petite enfance, grand âge, insertion sociale et professionnelle, services publics locaux).

L’égalité stricte est sans doute un leurre car elle n’est ni naturelle ni réellement possible. De plus, elle comporte sans doute trop souvent en elle le poison de la convoitise et de la jalousie. En revanche, l’équité est absolument indispensable, car elle seule peur incarner la justice (á chacun son dû), dès lors qu’elle est fondée sur une échelle de valeurs dont le premier échelon doit garantir la dignité de chaque homme.

Si l’égalité est impossible, l’équité est un devoir sacré.

Tel est l’enjeu du devenir des Services Publics dans notre pays.